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Histoire
L’histoire de Sept-Îles est intimement liée à la richesse des ressources naturelles de son magnifique territoire. D’abord berceau des Innus, notre milieu a tour à tour accueilli des trappeurs, des pêcheurs, puis des exploitants forestiers et miniers…

Les Innus

Il y a plus de 8000 ans… alors que la terre nord-côtière se libère progressivement de ses glaces, des groupes d'Amérindiens y font leur apparition. Les Innus, qui sont les descendants de l'un d'eux, seront à même d’y trouver les ressources nécessaires à leur subsistance.

La relation qu’entretient ce peuple nomade avec la nature revêt un caractère spirituel. Possédant le secret des plantes, ils vivent alors essentiellement de chasse, de pêche et de cueillette de petits fruits. Après avoir passé l’hiver dans leurs territoires de chasse respectifs, les familles regagnent le littoral au printemps, notamment par les rivières Sainte-Marguerite et Moisie.

Sur le territoire de Sept-Îles qu’ils nomment Uashat (« Grande baie »), les Innus, que l’on a longtemps appelés Montagnais, tiennent leur grand rassemblement d’été, théâtre de festivités, de pratiques religieuses, de commerce des fourrures et des préparatifs pour le retour dans l’arrière-pays qui viendra avec l’automne...

Aujourd’hui, les Innus forment une population résidente de plus de 3 000 membres répartis en deux villages (Uashat et Mani-Utenam). Uashat est adjacent à Sept-Îles, alors que Mani-utenam est situé à 14 km à l’est de la municipalité.

Les fourrures

Bien que les Vikings aient abordé les côtes de Terre-Neuve, du Labrador et peut-être aussi de la Côte-Nord vers l’an 1000, c’est seulement le 19 août 1535 que Jacques Cartier « découvre » les îles rondes qu’il nomme les sept îles.

Le nouveau continent se peuple peu à peu mais on n’en reconnaît pas tout de suite les possibilités commerciales. Il faut attendre le Cardinal Richelieu qui, vers 1625, décide de les exploiter. À cette époque, la principale richesse est la fourrure. La chasse des Innus fait désormais l’objet du commerce et leur mode de vie s’en trouve inévitablement transformé.

Dès 1650, quantité de postes de traite se dispersent au fil du long ruban de terre qui borde le Saint-Laurent et les « Indiens » y échangent leurs peaux de bêtes. Arrivant les cales pleines d’objets et de denrées, les navires français repartent chargés de fourrures.

Les affaires s’avèrent lucratives, si bien que les autorités coloniales créent une vaste chasse gardée, réservée au commerce exclusif des fourrures. C’est le Domaine du Roy, composé des régions du Saguenay, du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord. Le peuplement n’y est pas permis, seuls quelques commerçants autorisés à traiter avec les autochtones y ont accès.

Un poste de traite est ainsi érigé à Sept-Îles. François Bissot aurait été le premier Français à s’y installer en 1661. À compter de 1668, il est concessionnaire d’un fief comprenant l’île aux Œufs, Sept-Îles et la terre ferme de Mingan. Malgré les réticences de ceux qui ont toujours le privilège d’exploiter le Domaine du Roy, les héritiers et descendants de François Bissot continuent à développer le poste et ses activités.

Florissant, le commerce des fourrures est convoité par certaines nations, dont l’Angleterre qui le dispute âprement aux Français. Entre 1692 et 1761, le poste de traite de Sept-Îles est attaqué, démoli et reconstruit deux fois. Les Anglais ont finalement le dernier mot en 1760.

Un peu plus de cent ans après l’arrivée du premier colon blanc, un inventaire effectué en 1786 dresse ce portrait du Domaine de Sept-Îles : « Un logis, un magasin de marchandises sèches, un entrepôt de denrées comestibles, une boutique de tonnelier, une étable, une boulangerie avec four à pain, une remise à canots, un quai ».

Dates importantes

  • 1535 - Le 19 août, Jacques Cartier navigue dans la baie parsemée d’îles et baptise le lieu Sept-Îles.
  • 1651 - Le père Jean De Quen fonde la mission de Sept-Îles. Célébration de la 1ère messe.
  • 1661 - François Bissot s’installe dans le premier poste de traite.
  • 1679 - Louis Jolliet fonde un poste de traite à l’embouchure de la rivière Moisie et lance la pêche commerciale.
  • 1692 - L’équipage de deux vaisseaux anglais est responsable de la première destruction du poste de traite.
  • 1690 - Attaque de l’amiral William Phipps qui détruit l’ensemble des bâtiments du poste de traite.
  • 1720 - Des maraudeurs anglais détruisent le poste de traite.

La pêche

Au milieu des années 1800, la pêche s’ajoute au commerce des fourrures. Le poste de traite de Sept-Îles, déménagé sur ce qui allait devenir la rue Arnaud et où seuls quelques résidents permanents commercaient avec les Innus, est dès lors investi par une nouvelle population qui s’installe sur les rives.

Une véritable collectivité se développe : s’ouvrent une première école en 1878 et, 20 ans plus tard, la première église des Blancs. S’implantent ensuite de nouvelles compagnies, exploitant le sable magnétique de la rivière Moisie, les fourrures, une herbe marine ou… la morue. Or, à l’époque, cette espèce n’est pas la seule qui est connue et abonde dans le fleuve. Les baleines y sont nombreuses et leur huile est très en demande.

En 1905, une société norvégienne fait donc construire à Pointe-Noire, presqu’île qui borde la baie de Sept-Îles, une fabrique d’huile de baleine, la Steam Whaling. De juillet à octobre, des petits bateaux à vapeur munis de harpons sillonnent le fleuve et ramènent quelque 75 baleines par saison. Le gras des mammifères est fondu pour l’alimentation et l’éclairage, la viande et les os sont transformés en engrais et, comme on le sait, les fanons sont précieusement conservés pour la fabrication des corsets.

Produisant plus de 900 000 litres d’huile par année, la Steam Whaling emploie 60 personnes, sans compter une vingtaine de pêcheurs norvégiens saisonniers. On a cru à tort que les propriétaires ont fait naufrage à la fin de la saison de 1913. Dans les faits, ils ne sont jamais revenus et l’usine a fermé ses portes l’année suivante.

Dates importantes

  • 1848 - La première chapelle autochtone, nommé Sacré-coeur, est construite sur la Côte-Nord à Sept-Îles.
  • 1859 - La compagnie de la Baie d’Hudson perd le monopole de la traite des fourrures.
  • 1861 - Un premier recensement est effectué à Sept-Îles.
  • 1870 - Le phare de l’île Corossol est érigé. Il sera automatisé en 1988.
  • 1886 - La commission scolaire de Sept-Îles est fondée.
  • 1905 - Une fabrique d’huile de baleine est construite.

La forêt

À l’époque de la construction de la fabrique d’huile de baleine, les frères George et William Clarke, premiers éditeurs de l’encyclopédie Britannica, envisagent d'exploiter la forêt pour la production de pâte et de papier. De 1900 à 1904, ils font construire Clarke City, village des employés de l’usine érigée en 1908. Pour produire et expédier sa production, le tandem Clarke doit également construire un barrage hydroélectrique sur la rivière Sainte-Marguerite et le premier chemin de fer de la région. Tous ces projets donnent du travail aux gens de la région de la Minganie, de la Rive-Sud, de Sept-Îles et des Îles-de-la-Madeleine pendant 60 ans.

La population de Clarke City croît à un rythme tel que le village devient la première métropole de la Côte-Nord. On y installe un quai, un évêché, un chantier maritime et, à compter de 1924, un hôpital. Les chantiers forestiers et usines de transformation du bois de la région attirent pendant des années des centaines de travailleurs en provenance du Québec, de Terre-Neuve et même d’Europe… S’ajoutent ainsi les infrastructures qui feront de Sept-Îles et de Clarke City une ville à part entière. Au cours de l'année 1967, le dernier propriétaire de l'entreprise, la compagnie Gulf and Paper, met un terme à ses activités forestières.

Nouvelles pierres d'assise

Dans la première moitié du siècle, l’industrie du bois est le moteur économique de la région. Pourtant, des prospecteurs sillonnent déjà le territoire, apportant bientôt la preuve qu’une richesse insoupçonnée se cache sous cette immense forêt. Sept-Îles est le centre d’où sont lancés de vastes campagnes d’exploration et de grands projets d’exploitation minière comme ceux menés par Iron Ore Company (IOC) à compter de 1950 et de Mines Wabush, en 1956.

L’exploration minière débute ainsi en 1937 et, jusqu’en 1939, des cartes indiquant les gisements miniers sont dressées. Dès 1950, Sept-Îles vit un nouvel essor : quais, terminaux pour les mines, usines de transformation et barrages s’érigent sur tout le territoire. La ville devient un pôle économique important. Cependant, au début des années 80, la Côte-Nord vit une importante crise du fer qui amène la restructuration des entreprises minières. L’économie est toutefois maintenue avec l’arrivée d’Aluminerie Alouette en 1989, dont l'usine est construite près de l’emplacement de l’ancienne fabrique d’huile de baleine.

Dates importantes

  • 1908 - Les frères Clarke construisent une usine de pâte et papier à Clarke City.
  • 1921 - Le chantier maritime Clarke Steamship livre ses premiers bateaux.
  • 1927 - Une première piste d’atterrissage est aménagée; c’est le début des liaisons aériennes.
  • 1937 - Un trappeur innu ramène un premier échantillon de minerai de fer venant de la région de Schefferville.
  • 1947 - La compagnie d’électricité de Sept-Îles est crée.
  • 1950 - La compagnie minière IOC amorce ses activités. Un premier jalon du chemin de fer reliant Sept-Îles à la ville nordique de Schefferville est posé.
  • 1951 - Sept-Îles vit son tricentenaire.
  • 1960 - La route 138 rejoint Moisie.
  • 1962 - Le chemin de fer rejoint les nouveaux sites miniers de Labrador City et Wabush.
  • 1992 - Aluminerie Alouette est inaugurée.

Point de ralliement

Originellement restreinte à la baie de Sept-Îles, la municipalité s’est élargie d’abord avec la fusion de Clarke City en 1970 puis, plus récemment, avec celles des municipalités de Moisie et de Gallix, en 2003.

Alors que l’histoire de Clarke City, liée à l’exploitation forestière, commence au tout début des années 1900, celle de Moisie remonte à 1867, suite à la découverte de bancs de sable magnétique à l’embouchure de la rivière du même nom.

S’établit alors, du côté est de la rivière, la première sidérurgie de la Côte-Nord, la « Compagnie des mines de Moisie », mieux connue sous le nom de « Forges de Moisie ». À son meilleur, la compagnie compte environ 400 ouvriers et produit 1500 tonnes de fer par an. Moisie-ouest, déjà habitée par des familles travaillant pour des entreprises de pêche à la morue, verra alors sa population s’accroître. Ce succès est cependant de courte durée. L’entreprise cesse ses activités dès 1875, en raison d'une conjoncture économique défavorable, rudoyée par les coûts élevés de production et une concurrence américaine en croissance.

En 1925, neuf hommes d'affaires de Sept-Îles et de Moisie fondent la première compagnie de téléphone de la Côte-Nord : « The North Shore Telephone Company ». Celle-ci dessert d'abord Moisie et Sept-Îles, puis Clarke City à compter de 1926. En 1943, l’entreprise est vendue aux frères Clarke et, peu de temps après, à Québec-Téléphone (aujourd’hui Telus).

Moisie devient une base militaire de radar en 1953. Dix ans plus tard, elle est considérée comme le centre de contrôle le plus qualifié au sein du Commandement de la Défense aérienne (organisation militaire créée par le Canada et les États-Unis visant la défense des deux pays contre toute attaque aérienne éventuelle). Or, le Gouvernement canadien annonce la fermeture de 17 stations de radars en 1985. Celle de Moisie, qui regroupe alors 200 personnes dont 130 militaires, est touchée et les portes de la base sont définitivement fermées le 1er août 1988. En 2001, la base devient une zone résidentielle et de villégiature.

Entre-temps, le village est menacé par l'érosion que provoquent les grandes marées. C’est qu’il niche sur une longue pointe de sable, bordée d'un côté par la rivière, de l'autre par le golfe Saint-Laurent. Après des inondations particulièrement menaçantes, la Protection civile du Québec recommande le déplacement de la population. En 1964, un référendum confirme que les citoyens veulent déménager : la majorité d’entre eux s’installe au Domaine Lévesque, Place de la Boule et à Sept-Îles.

Le village de Gallix tient son nom du père eudiste belge, Joseph Gallix, qui assure la desserte de ce lieu dans les années 30. Les origines de l’agglomération remontent toutefois à 1860, alors qu’Adolphe Thériault et son compagnon, Joseph Poitras, découvrent un site exceptionnel de pêche en atteignant la baie Sainte-Marguerite qui fait face à la célèbre rivière du même nom. Ils s’installent d’abord temporairement à l’embouchure de la rivière et Adolphe Thériault revient y vivre en permanence, quatre ans plus tard, avec femme et enfants. Il devient ainsi le fondateur d’une nouvelle communauté. En 1894, une mer déchaînée oblige les occupants à se reloger sur la pointe ouest de la rivière, berceau du village actuel où plusieurs familles s’établissent à partir de 1905. Gallix est aujourd’hui un joli hameau reconnu pour son trottoir de bois longeant la mer et sa plage de sable fin.

Dates importantes

  • 1867 - La première sidérurgie de la Côte-Nord est ouverte à Moisie.
  • 1970 - La ville de Clarke City fait dorénavant partie de Sept-Îles.
  • 1988 - La base militaire de Moisie est définitivement fermée.
  • 2003 - Moisie et Gallix sont fusionnées à Sept-Îles en fonction de la Loi du gouvernement du Québec sur la fusion des villes et villages

Nordicité et modernité

Aujourd’hui, Sept-Îles est une ville moderne dotée de tous les équipements et services, ce qui en fait un centre urbain de première importance sur la Côte-Nord. Éducation, santé, loisirs, sports, nature, culture… tout s’y trouve, y compris les musées qui préservent la mémoire de sa grande épopée.

Pôle économique et social, Sept-Îles demeure un lieu de convergence de la culture euro-québécoise avec celle des Innus qu’on redécouvre et qui suscite de plus en plus d’intérêt. Notre ville est en outre le point d’entrée d’un vaste territoire, paradis de chasse, de pêche et d’aventures qui séduit un nombre croissant de visiteurs venant de toute la planète, en quête de tourisme vert et d’espaces sauvages. Tout au Nord, à la frontière du 50e parallèle, tradition et modernité cohabitent en notre pays.